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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 16:19

Pour les jeunes Générations, un pan de l'Histoire de Porto Novo, notre terre natale par un ancien dignitaire de la ville, Administrateur civil, sous Préfet . 

COMMENT LES GOUNNOUS SONT DEVENUS TENANCIERS DU SOL A PORTO-NOVO

HISTOIRE DE PORTO-NOVO

Un texte de Charles Koukoui, Sous-Préfet p.i. de Porto-Novo paru  dans la revue 'Etudes Dahoméennes, No 13, juin 1969'
(Texte original - Des erreurs de typographies dues à la méthode de reproduction peuvent subsister dans ce document.)

L'Histoire de Porto-novo, malgré les importants travaux d'historiens qui ont écrit sur le Dahomey, est encore mal connue, surtout à l'origine, parce que les indigènes qui ont fourni des renseignements à ces historiens étaient tenus à la discrétion absolue à l'égard de certains faits que la solidarité religieuse et morale oblige de tenir secrets.

D'où les excuses, souvent lamentables, que l'on constate sous la plume d'éminents annalistes dont la bonne foi ni l'érudition ne sauraient être mises en suspicion.

Nous savons, par les livres que nous lisons que le Fondateur de Porto-Novo, est Tê-Agbanlin et que les premiers occupants de cette ville sont les Gounnous alors que les événements qui s'étaient déroulés et les vestiges laissés par ces événements démontrent le contraire.

C'est ainsi que dans l'intéressant ouvrage de M. le Gouverneur Reste intitulé : Le Dahomey, réalisations et perspectives d'avenir, il y est dit (pages 22 et 23) :

" En 1610, le roi des Fons s'appelait Dan. Sous son administration le pays était devenu florissant.

" A cette époque, mourut Koppon, roi d'Ardres, il laissait trois fils qui entrèrent en lutte, chacun d'eux voulu recueillir la succession de son Père.

" Medji défit ses deux frères, dont le plus jeune Tê-Agbanlin Atéa-gbanlin se réfugia sur l'autre rive de l'Ouémé et y fonda Ajao (1) que les Portugais devaient plus tard appeler Porto-Novo.

" (1) Ateagbalin passant sur Cotonou et ]es territoires de " l'Atlantique " arriva au pays de sa mère, Nagot, qui avait nom en Yoruba, Adjaché, s'établit dans ce pays avec ses cinq fils et y créa une colonie Gounnou ou d'Allada : Hogbonou".

Comme nous l'avons dit dans notre deuxième étude, Gounnous Fons forment le bloc Adja. Ils descendent tous d'Adjas originaires de Tado (région Sagoué) entre le Dahomey et le Togo, qui émigrèrent vers l'an 1600 à Allada.

D'où le nom d'Alladanous, c'est-à-dire habitants d'Allada que l'on donne aux Gounnous et aux Fons. 

A la mort du Roi Koppon en 1600, comme le relatent tous les historiens ses trois fils : Tê-Agbanlin, et non Atêagbalin, Medji et Aho Daco-Donou, se disputèrent sa succession.

Après un violent combat Medji, qui était cadet, et non l'aîné, resta Roi d'Allada, l'aîné Tê-Agbanlin, vint s'établir à Porto-Novo avec ses enfants au nombre de dix et non cinq le troisième Aho Daco-Donou, monta à Abomey auprès du Roi de Cana, nommé Dan.

A l'arrivée de Tê-Agbanlin à Porto-Novo, n'y trouva-t-il que de la brousse ? Non : 

Porto-Novo qui s'appelait Adjaché et qui tient son nom : Porto-Novo Port-nouveau des Portugais était habité par des Nagots qui avaient leurs Rois.

Voici ces Rois dans l'ordre de leur succession au trône: 

Rois de Jasin (Adjaché Ilé). 

Ahorou Choupa;
Ahorou Helou;
Ahorou Togboé;
Ahorou Doukoudou;
Ahorou Hotindo;
Ahorou Jedin;
Ahorou Houézè;
Ahorou Topon;

Rois d'Akron :
Ahorou Avaganjou;
Ahorou Atahoué;
Ahorou Ahouanwa;
Ahorou Ahidji.


Après Ahidji, Akron n'eut plus que des chefs de famille qui n'avaient pas les mêmes attributions ni la même puissance que les Rois. Les Rois de Jasin occupaient à l'Ouest, le village de Jazin que l'on appelait Adjachè Ilé (ce qui signifie : maison d'Adjachè) les Rois d'Akron avaient leurs cases à l'Est, à Okoro aujourd'hui quartier Akron, près de Gbèkon.

Au milieu près de la limite des territoires de chaque Roi - limite appelée Anagotinsa (à l'ombre de l'arbre des Nagot) entre les quartiers Bagro et Avassa était un nommé Oga qui faisait fonctions de percepteur des droits et douane et de messager entre le Roi de Jazin et celui d'Okôro ou Akron.

Tous les étrangers qui demandaient asile à Adjachè (Porto-Novo) devaient s'adresser à Oga qui rendait compte de ses pourparlers aux deux Rois.

Quand arrivèrent Tê Agbanlin et sa suite, ils furent reçus avec grande pompe à Sokomè. Les palabres eurent lieu à Atingbansa (à l'ombre de trente arbres) et là, il était convenu que l'hôte, occuperait, pour la construction de ses cases, une partie des champs que cultivait Oga, l'émissaire percepteur des droits de douane. 

Nous verrons plus loin ce que fit l'hôte, de cet émissaire qui était devenu gênant pour lui.

A l'emplacement où l'amitié fut scellée, où fut fait l'arrangement à a la suite duquel les Rois de Jazin et d'Akron acceptèrent de lui donner asile, Tê-Agbanlin fit élever une case qui existe encore aujourd'hui à Sokomè et qu'on appelle Noukpliten.

Dans cette case, deux assangnis (sorte de parasol en fer) furent plantés en terre par lui, par son cousin Davié Oorou Agagnon, par Djègbé (son frère utérin) et par les Rois de Jazin et d'Akron en souvenir de l'acte mémorable qui venait-de s'accomplir. Les assangnis en question sont précieusement gardés comme des reliques et les membres de la famille de Djegbé (frère utérin de Tê-Agbanlin), ont été désignés pour prendre soin d'eux et réparer la case dans laquelle ils sont.

A des jours fixés, ils leur font des offrandes (kola, boisson, poulet, cabri, etc.) suivant ce que fit l'oracle.

Les tams-tams (tronc d'arbre évidé de 50 centimètres environ de diamètre obturé au plus gros bout par une peau de bœuf ou de chèvre tannée et bien tendue) qui serviront à rendre des honneurs à Tê-Agbanlin à son arrivée à Porto-Novo et pendant les cérémonies d'alliance, et qu'on appelle Gbindou, existe également encore à Jazin au Palais du Roi Choupa Onilé. Ils sont aussi transformés en fétiches et adorés. 

L'INSTALLATION DE TE-AGBANLIN

Le terrain offert à Tê-Agbanlin pour son installation n'était pas suffisant pour construire des cases à toute sa suite et à lui-même. Il fut obligé de harceler Oga de demandes incessantes de place. Ce dernier n'avant pas acquiescé à toutes ses demandes, il le fit décapiter pour donner l'exemple acquiesce a et inspirer la peur aux nagots possesseurs du sol qui oseraient l'affronter et lui refuser des faveurs.

Sur la place où se trouve la sépulture d'Oga, il institua un marché pour commémorer ce meurtre. Le marché où tous les habitants devaient aller vendre leurs marchandises, fut dénommé "Takpinmèdé " ; ce qui signifie : " tous ceux pour qui la tête est un surcroît de charge déposeront cette charge ici " c'est-à-dire : tous ceux qui seront assez audacieux pour ne pas m'écouter et exécuter mes ordres subiront le même sort qu'Oga ". Plus tard, les Yorubas partisans de Tê-Agbanlin ont donne au même marché le nom d'Ôja-ômô, qui veut dire : " marché de nos enfants" les Gounnous, témoins de l'événement l'ont dénommé : " Oga gbami " ce qui signifie : Oga, pardonnez- moi ".

DEIFICATION D'OGA
Les indigènes de ce pays professent le déisme :

Ils croient à l'existence de Dieu tout-puissant, créateur incréé, souverain maître de tout l'univers et à la religion naturelle.

Le fétiche, Vodoun, en Djêdji, Oricha, en nagot, n'est pas, pour eux, une divinité mais une sorte de génie immatériel ange, démon ou âme, manes des défunts. 

Suivant les croyances fétichistes, il existe dans tout individu une puissance surnaturelle, un esprit dynamique ou officient qui survit à l'homme après sa mort et qui peut faire du bien ou du mal aux vivants.

D'où le culte des génies. Il n'est donc pas étonnant que Tê-Agbanlin après le meurtre d'Oga, ait cru devoir le déifier, pour apaiser son courroux, pour l'empêcher de faire du mal et agir contre lui-même ou contre ses descendants.

C'est pour cette raison qu'après avoir planté un palmier et élever un Lègba, fétiche démon sur sa Sépulture, il a fait entourer cette sépulture d'une barrière épaisse en branches de palmier où, personne, autre que le suppliant, ne peut pénétrer.

Cette barrière circulaire entretenue de père en fils et considérée comme un lieu sacré existe devant le Palais de Honmè, an grand marché : ôja-ômô ôga gbami, Takpinmèdé, qu'on a eu le tort de supprimer parce que c'est un marché historique.

L'ENTRETIEN DE LA BARRIERE ET LE CULTE D'OGA
Pour éviter l'indiscrétion des gens étrangers au Palais du Roi et non initiés au culte, la barrière qui entoure la sépulture d'Oga est toujours faite dans la nuit et il était défendu, avant l'occupation française, à qui que ce soit de passer par là le jour où cette barrière doit être défaite et réparée.

Un Chef a été institué pour offrit, les sacrifices, faire des offrandes à Oga toits les jours du marché.

Ce Chef s'appelle Tègan. Il est choisi par les gens du Roi habitant Ahouansori (famille de Lia Ajagbajou). Une partie de membres de cette famille se trouve aussi au quartier Avassa (famille Kokossou).

Le jour du marché, ils collectent gratuitement vivriers de toutes sortes, sur les éventaires des marchands et marchandes et offrent ces vivres à Oga pour détourner, éloigner son esprit dynamique de ceux qui ont été la cause de sa mort tragique, D'où le nom d'Ajopè (collecte des vivres) donné à la sépulture d'Oga et à la palissade qui l'entoure.

Les lignes qui précèdent prouvent démonstrativement que Tê-Agbanlin émigré, comme l'on sait, d'Allada à Adjachè, où il y avait le Roi de Jazin, Achoupa Onilé et celui d'Akron, Avaganjou, n'était pas le fondateur de Porto-Novo comme l'affirment les historiens et non des moindres qui ont écrit sur le Dahomey.

Jusqu'ici, les faits curieux et dignes de remarques que nous avons relatés n'ont jamais été traités par aucun anniliste aucun historien. 

La documentation nouvelle que nous apportons permettra de les éclairer et de les apprécier.

Février 1937.

P. C. C. Porto-Novo, le 9 novembre 1961 

Le Sous-Préfet . p. i. 

Signé : Ch KOUKOUI      


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